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J’ai tout quitté afin de me retrouver

J’ai tout quitté afin de me retrouver

«Le plus difficile, c’est de prendre la décision. On manque parfois de confiance en nous, mais on est tous capables de faire des choses incroyables.»

© Corinne Sporrer

Nous voulions avoir un enfant avec mon mari, mais nous avions des difficultés à concevoir. Notre dernier choix était la fécondation in vitro. Nous avons essayé pendant une année, sans succès. C’était très lourd psychologiquement et aussi physiquement. Malheureusement, en parallèle, j’ai développé une maladie auto-immune, la rectocolite hémorragique. J’ai dû subir plusieurs hospitalisations et, durant quatre ans, j’ai été placée sous immunosuppresseurs. Comme je ne les supportais pas par voie orale, on m’a posé un port à cath, un système qui permet l’injection par intraveineuse. Par la suite, j’ai développé un mélanome cutané. Selon ma dermatologue, il s’agissait d’un effet secondaire probablement dû à la prise d’un des médicaments. Comme les médecins ne voulaient plus me le prescrire, j’étais malade en permanence. L’étape suivante était l’opération. En 2014, j’ai subi une ablation totale du côlon et de l’anus qui a nécessité une stomie temporaire. J’ai dû vivre deux mois avec une poche. Dans un deuxième temps, on m’a recréé un réservoir avec l’intestin grêle.

Aller de l’avant

En même temps, active dans le domaine financier, j’ai vu ma situation professionnelle devenir complexe. Des restructurations étaient en cours avec délocalisations et licenciements à la clé. Même en arrêt maladie, j’avais mon ordinateur avec moi. Je travaillais de la maison et même sur mon lit d’hôpital. Chaque fin d’année, nous attendions tous de savoir ce que nos postes allaient devenir. Je perdais de l’intérêt pour mon emploi. Par ailleurs, notre mariage avait beaucoup souffert de toutes ces années compliquées à gérer. Nous avons fini par nous séparer.

Je suis de nature positive, mais arrivée à 43 ans, je me demandais ce que j’allais bien pouvoir faire. J’étais seule, consciente que je n’aurai pas d’enfants (déconseillé, à cause de mon opération). Rien ne me retenait plus. Je me suis dit: «Fais ce voyage dont tu as toujours rêvé et que tu n’as pas osé faire plus jeune!» J’avais besoin de partir seule et de me retrouver. Cela sonnait comme un dédommagement pour les années de galère que je venais de passer; une façon, aussi, de remercier la vie pour cette guérison. J’avais des économies, j’ai donc démissionné, sous-loué mon appartement et vendu ma voiture!

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En route pour l’aventure

L’Amérique latine s’est imposée, car les endroits que je désirais visiter y étaient regroupés: le Machu Picchu, le lac Titicaca, les Galápagos, l’île de Pâques ou la Patagonie. En plus, je pouvais apprendre une langue supplémentaire, l’espagnol. Mon vol de départ pour Mexico réservé, j’ai donc préparé mon voyage à travers 14 pays. Je savais quels principaux sites je voulais visiter, mais sans dates précises. Sur place, j’ai beaucoup échangé avec les autres voyageurs, qui ont toujours des tuyaux précieux. Grâce aux réseaux sociaux, on voyage désormais très différemment. Là-bas, je me déplaçais en bus, dont le réseau est très bien développé. J’ai passé toutes les frontières par voie terrestre, sauf entre le Panama et la Colombie, car la zone est encore trop dangereuse. J’avais le temps et je tenais à me laisser vivre. Je passais en moyenne un mois dans chaque pays, vivant très simplement et logeant dans des auberges de jeunesse. Pendant mon voyage, je nourrissais également un blog, en partie pour rassurer mes proches et donner des nouvelles. C’est désormais un souvenir génial. En le consultant aujourd’hui, j’ai du mal à me dire que j’ai vécu tout ça. Par moments j’ai l’impression que c’était irréel!

Mon gros coup de cœur a été pour la Colombie. L’accueil des gens y était incroyable, spontané et généreux. Des familles m’ont abordée et proposé de passer une journée avec eux, m’accueillant comme une des leurs. On dit que c’est un pays dangereux, mais je m’y suis sentie en sécurité. L’Amazonie a été le lieu de mon expérience la plus marquante. Je suis très craintive, les petits insectes et les araignées me font très peur. Malgré tout, j’ai fini par manger des vers. J’ai dû prendre sur moi, horrifiée, au bord des larmes. Au Pérou, je suis montée à 5800 mètres, alors que je suis asthmatique à l’effort. Jamais je n’aurais imaginé être capable de faire ça.

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Sérénité et gratitude

En tant que femme, lorsqu’on voyage sac à dos, on apprend à moins se prendre le chou sur l’apparence. Je ne me suis pas sentie en danger, ni en infériorité par rapport à un homme. D’ailleurs, j’ai rencontré plus de femmes voyageant seules que d’hommes! Dans certains pays, les gens trouvaient incroyable que j’entreprenne seule un tel périple. Ils me demandaient si je n’avais pas un copain ou des enfants. Ça les perturbait. Je leur répondais que la liberté était le secret du bonheur, que j’aimais aller à la rencontre des gens et à la découverte d’autres cultures. Je pense que si on voyage à deux, on se suffit à soi-même. Par conséquent, on va moins au contact des gens et inversement. J’ai eu la chance de vivre des expériences extraordinaires parce que j’étais seule.

Désormais, je suis beaucoup plus indulgente avec moi-même, plus calme. J’essaie de prendre les choses comme elles viennent. Ce n’est pas parce qu’on a une maladie un jour que tout est fini. Par ailleurs, je n’ai pas été malade une seule fois durant l’aventure. Il faut savoir être reconnaissant de ce que l’on a. Après avoir vécu une année avec le contenu d’un sac à dos, j’ai été choquée, en rentrant, de retrouver les valises d’habits que j’avais stockées. De retour à la période de Noël, notre surconsommation m’a d’autant plus interpellée. D’une façon plus générale, nous vivons dans un monde où on se protège de tout. Là-bas, les gens vous abordent et vous disent bonjour dans la rue alors qu’ils ne vous connaissent pas, tout le contraire d’ici. Et, pour finir, je crains moins les petites bêtes!

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